*Treblinka*

Publié le par Hina

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C'est le passage assez cru des dernière minutes de vie des personnes tuée dans ce camp .Je préviens c'est pas joyeux.

La mort survenait au bout de dix à vingt minutes.  Les premiers temps, lorsque les nouvelles chambres furent « mises en exploitation » et que les bourreaux, n'ayant pas encore mis au point leur système, se livraient à des expériences de dosage, les victimes soumises à d'horribles souffrances ne mouraient qu'au bout de deux ou trois heures.  Tout au début, les installations foulantes et aspirantes fonctionnant mal, la mort ne survenait qu'après huit et dix heures de tourments.  Différents procédés furent expérimentés.  Le premier, ce fut le refoulement des gaz d'échappement du moteur d'un char lourd affecté aux besoins de la station de Treblinka.  Ces gaz renfermaient de 2 à 3 % d'oxyde de carbone, qui a la propriété de fixer l'hémoglobine du sang pour donner une combinaison durable . la carboxyhémoglobine, infiniment plus stable que l'oxyhémoglobine (combinaison d'oxygène et d'hémoglobine) résultant de l'oxydation, dans les alvéoles pulmonaires, de l'hémoglobine par le contact de l'air.  En quinze minutes, 1'hémoglobine du sang de l'homme se combine étroitement à l'oxyde de carbone, et l'homme respire « à vide », - l'oxygène cesse d'arriver à l'organisme, le coeur bat à se rompre, il chasse vers les poumons le sang qui, empoisonné par l'oxyde de carbone, ne peut plus absorber l'oxygène de l'air.  La respiration se fait sifflante, on voit apparaître les phénomènes qui accompagnent une asphyxie douloureuse, la conscience se voile et l'homme meurt d'une mort analogue à celle que provoque la strangulation.
Le second procédé, le plus fréquemment employé à Treblinka, consistait à aspirer l'air des chambres à l'aide de pompes spéciales, et de même que lorsqu'on l'intoxiquait par l'oxyde de carbone, l'homme mourait alors privé d'oxygène.  Il y avait une troisième méthode, moins employée, mais employée quand même.  Elle consistait à chasser l'air des chambres au moyen de la vapeur.  Le principe ne changeait pas : il s'agissait de priver l'organisme d'oxygène.  Enfin, on avait parfois recours à différentes substances toxiques, mais en somme ce n'était que de l'expérimentation; les méthodes largement appliquées, les méthodes industrielles d'assassinat en masse étaient les deux premières.
L'homme était privé par la brute de tout ce dont il jouissait en vertu de la loi sainte de la vie : on lui avait d'abord ravi sa liberté, sa maison, sa patrie, pour l'emmener dans des lieux déserts, anonymes.  A peine avait-il mis le pied sur le quai de la gare qu'on lui enlevait ses bagages, ses lettres, les photographies de ses proches.  Au delà de l'enceinte du camp, on lui prenait sa mère, sa femme, son enfant.  Puis quand il était nu, on jetait ses papiers au feu : on effaçait son nom.  Enfin, on le poussait dans un corridor au plafond lourd et bas : on lui enlevait le ciel, les étoiles, le vent, le soleil.
Alors, c'était le dernier acte de l'horrible tragédie : l'homme entrait dans le dernier cercle de l'enfer de Treblinka.  Et la porte se refermait. sur lui.  La porte au verrou massif et aux crochets solides.  La porte qu'il était impossible de briser.
Aurons-nous la force de songer à ce qu'éprouvaient, en ces instants suprêmes, ceux qui se trouvaient là ? Ils se taisaient... Entassés les uns sur les autres, la poitrine oppressée, ils étaient inondés de sueur.  Avec effort une voix perçait le silence - celle d'un vieillard peut-être, celle de la Sagesse : « Patience, c'est la fin ! » De la foule expirante, un cri de malédiction jaillissait tout à coup.  Cette malédiction sainte, était-il possible qu'elle ne s'accomplît pas ? Dans un effort surhumain, une mère tentait de faire un peu plus de place à son enfant, d'alléger ses derniers instants par cette dernière sollicitude.  D'une langue qui s'engourdissait, une jeune fille demandait tout à coup : « Mais pourquoi m'étouffe-t-on ? Pourquoi ?... » Vertiges.  La gorge se serrait davantage.  Quels tableaux passaient alors devant les yeux vitreux des mourants ? Etaient-ce des scènes d'enfance, les jours heureux de la paix ? Ou bien le dernier voyage si douloureux, - le visage narquois du S.S. sur le quai de la gare : « Voilà pourquoi il riait !... » Chavirement de la conscience, minutes de souffrance atroce.
Non, on ne peut s'imaginer ce qui se passait dans la chambre !... Les corps morts, restés ,debout, se refroidissaient peu à peu.  Au dire des témoins, les enfants étaient ceux qui conservaient le plus longtemps leur souffle.


(Ps: Misuki on peu plus te laisser des commentaires Oo)

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